« Petite, on m’appelait crâne d’œuf »
Pour commencer, veux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Elisabeth, j’ai 31 ans, je suis infirmière et maman d’une petite princesse de 3 ans et demi. J’habite la ville du Mans qui est connue pour sa spécialité : la rillette.
Pour toi que signifie « Libérer Son Afro » ? Qu’est ce qui t’a donné envie de partager ton expérience ?
Pour moi, « Libérer son Afro » veut tout simplement dire, aimes-toi et assumes-toi femme noire, car tu es belle avec ton héritage génétique (peau noire et cheveux crépus), sois en fière et impose-le.
Quel est ton parcours capillaire ? Quand et pourquoi as-tu décidé de passer au naturel ?
Petite, on m’appelait crâne d’œuf, car j’ai les cheveux fins à faible densité, et lorsque je défrisais mes cheveux, on avait l’impression que je m’étais rasée le crâne d’où le nom « crâne d’oeuf ».
J’ai du défriser mes cheveux que quatre fois dans ma vie, je ne les aimais pas à cause de cette texture peu dense et fins, mais l’envie profonde de cheveux crépus était omniprésente.
Sans connaissances ni d’armes capillaires, j’ai du les cacher sous des rajouts durant de nombreuses années.
En 2012, ma fille est venue au monde, j’ai voulu lui transmettre ma culture africaine et cela passait aussi par l’acception de soi, l’acceptation de son patrimoine génétique, motivée par des propos racistes de certaines personnes qui se rassuraient de la voir bien plus blanche pour un bébé métisse.
Il était donc nécessaire pour moi d’apprendre à ma fille à s’aimer, mais pour cela, il a fallu que je m’accepte et que j’aime enfin comme femme noire, d’où mon big chop le 16 décembre 2013.
Est-ce qu’il t’arrive de porter tes cheveux naturels en afro lâchés dans ta vie de tous les jours ?
Oui souvent, j’alterne coiffure protectrice et afro libre afin de ne pas trop les manipuler. Si je m’écoutais, je ne porterai que mes cheveux naturels.
Quelle est ta coiffure préférée ?
Ma coiffure préférée reste l’afro-puff pour le moment, mais j’ai hâte de les voir pousser pour tester d’autres coiffures.
Comment a réagi ton entourage lorsque tu as décidé de porter tes cheveux crépus au naturel ?
J’ai la chance d’avoir un compagnon qui me soutient sur tout ce que j’entreprends, il préfère d’ailleurs me voir avec mes cheveux naturels.
Pour ma famille, c’est difficile de voir « crâne d’œuf » avec des cheveux naturels, la plupart pensent que les cheveux naturels font négligé et que je suis bien mieux avec des rajouts.
Au travail, certains trouvent cela intrigant d’autant plus que je suis la seule noire de mon service et dans l’hôpital où je travaille c’est une denrée rare. Mes cheveux font souvent allusion aux Jackson five, et mes collègues savent me dire que je suis bien mieux avec des rajouts.
Quelle est ta routine capillaire pour obtenir l’afro qui te plait ?
Ma routine capillaire change énormément du fait des challenges que l’on fait sur ma page FaceBook ou sur ma chaine YouTube « Afro-Coton », mais les bases restent toutes les mêmes : un prepoo, shampoing, masque hydratant que j’alterne avec un masque protéiné, hydratation et coiffure protectrice.
Je lave mes cheveux en général deux fois par mois, et j’essaie d’être le plus possible en coiffure protectrice car je vise la longueur.
Pour un afro idéal, je mise sur l’hydratation, je fais des twists la veille pour un meilleur volume, je dors avec un foulard en satin, je défais le lendemain, peigne légèrement et mon afro se forme.
Où achètes-tu tes produits ? Peux-tu recommander un coiffeur dans ta ville ?
J’achète ma matière première sur le site Aroma-Zone, car je confectionne moi même mes produits pour ma gamme AfroCoton qui est à elle seule une routine capillaire complète.
Je me coiffe seule depuis mon retour au naturel, et si je dois confier ma tête à un coiffeur, j’irai au salon So-Lovely sur Paris, car il se forme au respect de nos nuages de coton.
Racontes une anecdote liée à ton afro
Un jour au boulot, je me pointe avec mon afro-boule pour la première fois, l’on me fait remarquer que ma coiffure n’est pas adaptée, alors je regarde ce cadre et lui dis « reprochez moi aussi d’être noire ». Ce fut le silence total, et depuis j’arbore et défile avec mes cheveux naturels à son grand désarroi.
Comment réagis-tu aux éventuelles remarques/critiques ?
Avant je répondais, mais aujourd’hui je marche la tête haute avec beaucoup de fierté, c’est ma plus belle arme
Quelle fille au naturel t’inspire sur les réseaux sociaux ?
Elles sont plutôt américaines, elles m’inspirent car elles ont les cheveux fins comme moi et ce fut ma motivation sur YouTube.
As-tu déjà essayé de reproduire une coiffure en suivant un tutoYoutube ? Quel a été le résultat ?
Concernant les tutos, je reste assez raisonnable, mon premier test fut les twists out, et j’ai été plutôt satisfaite.
Un conseil pour les filles qui veulent passer au naturel ?
Le passage au naturel doit être une réelle prise de conscience, cela demande de l’information afin de se préparer à franchir le cap, à comprendre ses cheveux et à affronter les réalités d’une routine capillaire, c’est beaucoup de travail, de régularité pour des cheveux en bonne santé.
Où peut-on te trouver / te suivre sur internet ?
Je suis une grande passionnée du cheveu crépu que j’appelle nuage de coton, ce qui m’a amené à créer une page FaceBook – on compte aujourd’hui plus de 12000 membres-, une chaine YouTube et un blog (http://www.afro-coton.com), tous au nom d’AfroCoton. On se motive à travers des challenges, des partage photos, j’y poste des idées de coiffure et mon expérience capillaire à travers des vidéos ou des photos.
Le concept d’AfroCoton est d’amener la femme noire à prendre conscience de son potentiel beauté, afin de réaliser que le défrisage doit rester une option et non l’ultime solution. De faire prendre conscience à la femme noire que être différente est un atout et non un handicap.
On peut aussi me suivre sur Instagram : lysie2012, sur Pinterest : afro coton, ou encore sur Twitter @EbogoE et sur tumblr : afro-coton
Merci Elisabeth pour ce témoignage trés encourageant et réaliste. je pense que nous sommes nombreuses à faire face à ces petites discriminations subtiles au quotidien, surtout au travail ou alors à travers ce que vivent les enfants métisses à l’école. Tes réactions courageuses et ton engagement pour les cheveux crépus à travers ton blog et tes réseaux sociaux sont exactement ce dont beaucoup de jeunes femmes aux cheveux crépus ont besoin pour se sentir de plus en plus à l’aise au quotidien.
Si tu veux partager ton expérience sur Libère Ton Afro, envoies un simple mail à contact@liberetonafro.com. À bientôt !
Erratum :
Je fais mes soins deux par mois et non deux fois par semaine
J’ai corrigé dans le texte!
Beau témoignage, merci de mettre en lumière ce que nous sommes.